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Bienvenu sur le blog de la famille Chadrack Londe
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19 juillet 2012

Maniema : des creuseurs artisanaux arrêtés pour viol

Dans la cité minière de Kaïlo, au Maniema, les jeunes creuseurs qui ont des relations sexuelles avec des mineures sont emprisonnés et jugés pour viol. Les autorités locales interdisent également à ces filles de se rendre dans les mines. Une sévérité accrue qui peine toutefois à faire évoluer durablement les mentalités.

“Les creuseurs qui ont couché avec des jeunes filles mineures ont été arrêtés et transférés à la prison centrale de Kindu. Ils ont été jugés pour viol", révèle Mathias Amisi Lokengo, chef de bureau du territoire de Kaïlo, dans la province du Maniema, à l'est de la RD Congo.
La recrudescence des violences sexuelles a motivé l’autorité territoriale à être plus sévère. "Au début de cette année, nous avons décidé d'interdire aux jeunes filles de se rendre dans les mines", fait encore savoir M. Lokengo. Il ajoute que cette décision a été prise en demandant également aux responsables et parents de ces enfants de les empêcher d'aller dans ces lieux dangereux pour elles. Objectif : réduire les infections sexuellement transmissibles, les grossesses non désirées et les mariages précoces. Une façon, aussi, de faire respecter la loi du 10 janvier 2009 portant protection de l’enfant qui assimile tout acte sexuel avec une mineure à un viol puni par les articles 171 et 172 : "Commet un viol d’enfant (…) tout homme qui introduit son organe sexuel même superficiellement dans celui d’une enfant (…). L'attentat à la pudeur avec violence, ruse, ou menace commis sur un enfant est puni de 5 à 15 ans de servitude pénale principale". Maître Brigitte, avocate au barreau de Kindu et présidente de l’Association des femmes juristes congolaises, précise : "Ce que la loi condamne, c’est le fait d’avoir accepté et couché avec une mineure. Le fait qu'elle vienne vers le garçon n’est pas une justification à avancer !"

Contre un ou deux kilos de cassitérite
Si les autorités ont réagi, c'est parce que ces pratiques prenaient ces derniers temps de l'ampleur. "Depuis deux ans, cela avait diminué avec l’intervention de Heal Africa et du Barreau américain, mais depuis que ces ONG sont parties en début d’année, les jeunes ont repris leurs habitudes de coucher avec les filles", observe Mathieu Kubabezaga, un sage du village. Au total, difficile de savoir combien de creuseurs artisanaux ont été arrêtés pour viol. “Les statistiques des violences sexuelles sont confidentielles”, avance le directeur du Barreau américain. Maître Guy ajoute toutefois qu’un bon nombre de creuseurs artisanaux ont été arrêtés pour ce motif depuis 2009 que cette ONG intervenait dans cette région.
Des condamnations qui peinent à être dissuasives… Dans la cité minière de Kaïlo, la vie coûte chère et l'exploitation des mines prime sur l’agriculture. Très tôt le matin, les creuseurs s'en vont au travail, bêche en mains. A 17 heures, quand ils sortent des mines, ils viennent avec leurs sacs à la station de lavage Mavula séparer les minerais du sable. Les jeunes filles sont nombreuses à les y attendre. Certaines leur demandent de les aider à faire ce tri. D'autres cèdent à leurs avances. Les creuseurs échangent en effet un peu de leur cassitérite contre des relations sexuelles... "Nous venons ici, car nous voulons nous aussi nous débrouiller pour avoir de l’argent !", résume Marguerite, 17 ans, orpheline de père et de mère. "Les garçons nous proposent un ou deux kilos de cassitérite, soit 3 000 Fc (3,3 $) par kilo pour coucher avec nous", précise Ange, 16 ans. Certains creuseurs n'ont pas le sentiment de profiter de la détresse de ces filles. Jean Paul, 20 ans, explique ainsi que ses collègues et lui agissent de la sorte, car ils en ont les moyens. Lui-même se vante d'être marié à trois jeunes femmes et être père de trois enfants : "Mes trois épouses, je les ai eues à la mine, quand j'ai eu la chance de trouver 505 kilos de cassitérite."

Elles abandonnent l'école
Les mineures ainsi engrossées sont, pour la plupart, encore élèves... "Chaque année, une vingtaine de filles abandonnent l’école, car elles sont enceintes", souligne Kangela Lubinga, enseignant responsable de l’institut Kandolo. Constat identique ou presque à l’institut Kingombe. Dans cet autre établissement de Kaïlo, lorsqu’une fille attend un bébé, le règlement scolaire lui interdit de continuer ses études. "Parmi celles qui sont en fin d'année scolaire, certaines essaient de cacher leurs grossesses", observe l’enseignant responsable de l’institut Kandolo.
Ces très jeunes mamans ne sont pas au bout de leurs peines… "Elles accouchent difficilement", fait savoir Théophile Ndjadi, médecin de l’hôpital général de référence de Kaïlo. Il précise que, "cela dépend de la taille de leur bassin", mais que certaines subissent des interventions chirurgicales pour les aider à donner la vie. Une vie pour elles à jamais bouleversée, après avoir vendu leurs corps à des creuseurs désormais emprisonnés et jugés pour viol.

                                                                                                                                                                           Chadrack Tambwe Londe

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